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LA CŒLIOSCOPIE

La Laparoscopie (ou cœlioscopie) est une technique chirurgicale qui permet de réaliser des interventions sans « ouvrir » la paroi abdominale. Elle est utilisée dans différentes spécialités chirurgicales et a fait l’objet d’un développement important ces dernières années en Urologie.

La chirurgie par cœlioscopie prend actuellement une place de plus en plus importante dans l’arsenal thérapeutique chirurgical de l’urologue. Le type d’intervention réalisée est le même que par la voie ouverte classique. Cette chirurgie par cœlioscopie nécessite pour l’introduction de la caméra et des instruments nécessaires à sa réalisation plusieurs incisions abdominales (de 3 à 5 en général) de 5 à 10 millimètres chacune.


En fin d’intervention, la pièce opératoire (par exemple le rein) est extraite dans un sac afin qu’il n’y ait pas de contact entre le cancer et la zone d’extraction. On évite ainsi les risques de dissémination de la tumeur au niveau de la paroi. L’une des incisions de trocart est agrandie sur quelques centimètres pour permettre cette extraction.

 

Préalablement à la réalisation de cette chirurgie par cœlioscopie, le patient doit être prévenu de la nécessité possible d’une conversion en chirurgie classique ouverte en fonction des difficultés rencontrées par le chirurgien, surtout du fait du risque hémorragiques, et il doit donner son consentement pour cette éventualité.

Les Avantages

L’avantage incontestable de cette méthode consiste en l’amélioration des suites opératoires en termes de douleur (et donc de consommation d’antalgiques), de risques infectieux, de rapidité de reprise du transit intestinal de durée d’hospitalisation, et bien sûr du fait de l’aspect cosmétique cicatriciel avec une limitation des risques d’éventration secondaire tout en évitant le recours à une incision classique parfois délabrante. Généralement, la reprise de l’activité du patient se fait plus rapidement, grâce à un recouvrement plus rapide de l’état général.

 

Pour quel patient ?

Il existe peu de contre-indications à la réalisation d’une cœlioscopie en urologie. Ces contre-indications sont essentiellement représentées par un état général défaillant du patient, par une maladie contre-indiquant l’anesthésie générale (et notamment à la tolérance au pneumopéritoine), ou par un trop jeune âge du patient (l’innocuité de la cœlioscopie n’ayant pas été démontrée à cet âge-là). On peut citer ainsi : le jeune âge (enfant de moins de 3 ans), l’insuffisance respiratoire, et l’insuffisance cardiaque. Il faut noter que l’obésité morbide (Indice de masse corporelle > 40), qui était jusqu’à une date récente considérée comme une contre-indication à la cœlioscopie, est au contraire une bonne indication à la chirurgie coelioscopique (moins de risque infectieux, moins de risque d’éventration) mais la rendant de réalisation plus délicate, à condition de respecter certaines précautions anesthésiques.

 

Pour quelles interventions ?

Il y a des indications où l’avantage est majeur et par la même incontestable, d’autres où la pratique de la cœlioscopie n’est pas encore validée.

Interventions urologiques réalisables en cœlioscopie :

 

Chirurgie du Varicocèle

 Le varicocèle est une pathologie très fréquente, surtout du côté gauche pour des raisons anatomiques. Parfois, ce varicocèle provoque une diminution de volume du testicule, des problèmes de stérilité ou des douleurs.

Dans ce cas, le traitement s’impose. Nous pouvons avoir recours à une embolisation (on bouche les veines responsables du problème) par nos confrères radiologues. L’alternative est représentée par la chirurgie qui peut être réalisée par coelioscopie.

Avec trois trocarts utilisés, les veines responsables du problème sont clippées (obturées par des barrettes métalliques).

La sortie est possible le lendemain de l’intervention et la reprise des activités est rapide.

 

Ablation de la glande surrénale

La glande surrénale est une glande profonde, proche du rein dans sa partie supérieure, et difficile d’accès.

L’ablation de la glande est justifiée, le plus souvent, par la présence d’une tumeur bénigne (non cancéreuse) qui sécrète des hormones générant des dysfonctionnements de l’organisme (hypertension artérielle par exemple).

Avant l’avènement de la coelioscopie, cette chirurgie était réalisée par voie ouverte avec une large incision sous les côtes. Les suites opératoires pouvaient poser des problèmes respiratoires et surtout des problèmes de douleur.

Maintenant, la voie coelioscopique permet l’ablation de la glande sans incision supplémentaire à celles utilisées pour la mise en place des trocarts.

La récupération post-opératoire est incomparable à la voie ouverte ainsi que les suites à court ou moyen terme.


Réparation d'une malformation des voies urinaires: syndrome de la jonction pyélo-urétérale

Il s‘agit d’une malformation, congénitale ou acquise, qui se traduit par une dilatation du rein. Le canal entre le rein et la vessie comporte deux portions: une haute le bassinet ou pyélon puis une basse l’uretère. Entre les deux se trouve la jonction pyélo-urétérale. En cas de rétrécissement congénital (dès la naissance) ou acquis (rétrécissement créé par la presence d’une artère qui frotte et irrite la jonction avec le temps), l’urine s’évacue mal ce qui provoque une stagnation des urines au niveau du bassinet (pyélon). Cette stagnation est dangereuse car elle peut amener à la destruction du rein.

Le traitement consiste en une ablation de cette jonction malade et une suture bout à bout des deux segments de la voie urinaire en laissant en sécurité une sonde interne entre le rein et la vessie (sonde double J).

La coelioscopie a permis de rendre ce traitement mini-invasif avec une récuperation post opératoire rapide.

 

Curage ganglionnaire pour cancer de la prostate

Le cancer de prostate est une tumeur qui peut se propager aux ganglions. L’enjeu lors de la prise en charge est parfois de savoir si ces ganglions sont malades ou non

Pour cela, les ganglions ilio-obturateurs (entre la veine iliaque et le nerf obturateur) sont prélevés par voie coelioscopique.

Cela peut être réalisé avant une ablation de la prostate et ils sont analysés immédiatement ou avant un projet de traitement par radiothérapie et l’analyse sera alors différée.

 

Ablation d'une tumeur du rein: néphrectomie totale ou partielle

Lors de la découverte d’une tumeur rénale, il peut-être réalisé une ablation totale de l’organe (néphrectomie totale) ou une ablation uniquement de la tumeur. Le choix entre l’une ou l’autre des techniques est fait en fonction de la taille et la situation de la tumeur.

En cas de néphrectomie, avant 1993, il était systématiquement nécessaire de réaliser une grosse incision sous les côtes (sous-costale) ou dans le dos (les lombes d’où le nom de lombotomie).

Cette intervention est encore quelquefois réalisée quand la tumeur est trop volumineuse ou si la veine rénale est envahie par la tumeur.

Cette grosse ouverture est délabrante et expose à un fort risque d’éventration. De plus, ces incisions sont douloureuses et limitent pendant 2 à 3 mois l’activité quotidienne.

 

Néphrectomie partielle ou tumorectomie

Lors d’une ablation de la tumeur ou d’une petite partie du rein, l’intervention peut-être réalisée soit en coeliochirurgie soit en voie ouverte. La décision du choix de la voie d’abord dépend du siège de la tumeur et de sa taille.

En cas de coelioscopie, la tumeur est retirée et mise dans un petit sac. Une fois l’intervention terminée, le sac est sorti par l'incision utilisée pour l’optique qui est alors légèrement agrandie. Ceci permet l’absence de contre incision et une bien meilleure récupération post-opératoire.

Lorsque le choix de la coelioscopie est fait, l'intervention est la même que celle qui aurait pu être réalisée par voie ouverte et le bénéfice post-opératoire est donc total.

Néphrectomie totale

Parfois, du fait de la tumeur, le rein doit être retiré en totalité. Le choix se tourne alors de manière quasi exclusive vers la coelioscopie.

Une fois le rein retiré, il est mis dans un sac et une incision est réalisée à minima pour pouvoir retirer la pièce opératoire entière et permettre une parfaite analyse de la tumeur.

Une incision peut-être réalisée entre deux orifices de trocart ou le choix peut-être fait pour une contre-incision dans l’aine de 5 à 7 cm. Elle est réalisée dans cette zone qui est sensée être moins douloureuse en post-opératoire et à faible risque d’éventration.

 

Néphro-urétérectomie totale

En cas de lésion urothéliale développée au niveau des voies urinaires hautes (voies excrétrices des calices, bassinet et uretère) une néphro-urétérectomie totale est réalisée. Cette intervention consiste à ôter le rein et l’uretère en un seul bloc. Cette intervention peut être réaliser par coelisocopie selon les mêmes modalités que la néphrectomie totale.

 

Ablation de la prostate pour cancer: prostatectomie radicale

Le cancer de la prostate est le premier cancer de l’homme.

L’arsenal thérapeutique est vaste. Nous pouvons avoir recours à une surveillance active avec traitement différé, une radiothérapie externe, une curiethérapie ou une résection de prostate suivie d’un traitement par Ablatherm® (HIFU).

Le traitement chirurgical d’ablation de la prostate peut être réalisé par voie ouverte ou coelioscopique, robot-assistée ou non.

La voie coelioscopique permet une excellente récupération post-opératoire, une diminution de la consommation d’antalgiques (traitement pour la douleur) et limite les pertes sanguines.

La chirurgie d’ablation de la prostate, quelque soit la voie d’abord utilisée (ouverte, coelio robot-assistée ou non), est hélas potentiellement délétère pour l’érection et de manière transitoire le plus souvent pour la continence.

L’amélioration des techniques opératoires permet cependant une amélioration des résultats fonctionnels.

 

Néanmoins, le débat reste entier en ce qui concerne la prostatectomie totale. En effet, à ce jour, aucune étude n’a prouvé la supériorité de la voie coelioscopique par rapport à la chirurgie classique en ce qui concerne les risques d’impuissance et d’incontinence inhérents à cette intervention. Les résultats sont au moins équivalents en l’état actuel de nos connaissances, voire en faveur d’un léger avantage à la chirurgie classique dans un certain nombre de cas. L’on ne peut cependant parler de prostatectomie coelioscopique sans dire un mot du robot qui a comme principal avantage de soulager le travail du chirurgien en lui redonnant la troisième dimension dans son espace de travail, ce qui le remet dans les conditions de la chirurgie classique, sans plus, mais pour beaucoup plus cher…

 

Chirurgie de la descente d'organe (prolapsus): promonto-fixation cœlioscopique

Le prolapsus est une descente d’organes, c’est à dire une descente de la vessie, du rectum, de l’utérus voire même parfois de l’intestin au niveau du vagin.

La chirurgie du prolapsus peut être réalisée par voie vaginale ou coelioscopique.

Par voie vaginale, la mise en place de tissus prothétiques (prothèses encore appelées plaques) est plus délicate compte-tenu du risque infectieux et des potentiels problèmes de cicatrisation du vagin avec le corps étranger. Le risque de douleur lors des rapports sexuels (dyspareunie) est plus important.

La voie coelioscopique permet de traiter le prolapsus avec mise en place de filets encore appelés plaques qui remontent soit la vessie et éventuellement l’utérus (plaque antérieure), soit le rectum (plaque postérieure).

La voie coelioscopique permet d’obtenir d’excellents résultats anatomiques et durables grâce à l’utilisation de prothèses.

L’hospitalisation est de 2 à 3 jours et la récupération post-opératoire est très rapide.

Il est cependant nécessaire de ne pas soulever de poids ou de charges pendant 1 mois.

 

De façon plus confidentielle, l’on peut retenir quelques rares indications d’urétérotomie pour calcul, d’ablation de diverticule vésical, voire d’adénomectomie prostatique, etc.

Conclusion

La cœlioscopie constitue un apport incontestablement utile dans l’arsenal du chirurgien urologue, elle ne fait pas tout, mais à condition de bien respecter les indications, elle rend de grands services aux patients, sans oublier que la maîtrise de la technique est indispensable pour minimiser le risque d’incidents qu’elle peut générer.

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